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30/10/2022
Born demon
SAHG
 
Cela fait belle lurette que l’intérêt pour le Hard et le Heavy de la décennie 70 irrigue puissamment l’inspiration des groupes plus récents. Il en a toujours été concernant les Suédois de SAHG qui, dès leur premier album en 2006 (sobrement intitulé I), combinaient une approche contemporaine, à savoir puissante, tranchante et compacte, et des emprunts flagrants aux 70’s, avec cette touche psychédélique ô combien savoureuse. S’ensuivirent des albums de plus en plus maîtrisés et inspirés : II (2008), III (2010), Delusions Of Grandeur (2013) et Memento Mori (2016, cliquez ici), autant de pures merveilles, riches de lourdeurs et de contrastes. Je vous avouerai bien volontiers que, même en neutralisant le facteur Covid-19, j’en étais venu à me résigner à me repasser les albums ci-avant évoqués, encore et encore. Mais voilà qu’en 2022, le désormais trio livre un album inespéré, qui semble vouloir témoigner de la verve d’un SAHG heureux de son propre retour à l’inspiration et à l’exposition.

Dans le cas présent, l’expérience fait la courte échelle à l’inspiration, pour aboutir à un fort solide album de Heavy Metal, fortement inspiré par le Heavy Rock et le Hard Rock des années 70 et 80. Toujours sous la houlette du guitariste et chanteur Olav IVERSEN, le désormais trio – complété par Tony VETAAS à la basse et par Mads LILLETVEDT à la batterie – déroule avec l’assurance naturelle des vétérans un répertoire qui relève fondamentalement du Hard et du Heavy Rock, mais qui se trouve dynamisé et transcendé par une approche tranchante, typiquement Heavy Metal. Avec pour résultat dix compositions concises, allant à l’essentiel, sans rien négliger côté muscle nerveux et accroche rythmique, pas plus qu’on ne trouve une tendance à effacer les évidences mélodiques, certes fortement vocales, mais aussi instrumentales. Pour ma part, la combinaison de riffs nerveux et rafalés et de lignes vocales claires et nasales évoquent forcément les deux premiers albums solos d’Ozzy OSBOURNE (pour mémoire Blizzard Of Ozz en 1980 et Diary of A Madman en 1981), le très mésestimé No Rest For The Wicked (1988) venant également à l’esprit. On a la constante sensation de retrouver cette vivacité, ce tranchant, ces mélodies simples et entêtantes, cette pertinence dans les breaks, ce chant nasal, savamment modulé et expressif.

Cela dit, Born Demon n’est pas un exercice fétichiste et passéiste, mais bel et bien la résultante d’une évolution constante, depuis des débuts discographiques, marqués à la fois par le Doom Metal et les influences 70’s. Concernant l’influence Doom, le trio fait la démonstration d’un savoir-faire intact avec des titres lourds, épais et angoissants (Destroyer Of The Earth, Descendants Of The Devil, le titre éponyme et son côté majestueux à la CANDLEMASS).
Le format systématiquement retenu sur cet album ne favorise pas les développements psychédéliques, qui apparaissent de manière plus ponctuelle que par le passé. Il faut dire que SAHG privilégie ici une approche plus directe, plus percutante, plus typique du Heavy Metal des années 80. L’expérience venant au secours du talent, chaque titre regorge de rythmiques catchy, de lignes de chant et de refrains soigneusement conçus et arrangés pour marquer l’auditeur. La logique est poussée à son maximum avec le refrain de Heksedans, soit des na na na entonnés à pleins poumons : impossible d’en vouloir au groupe de recourir à cette facilité, tant les riffs lourds coupent court à tout procès en tentation commerciale. Même clémence pour les chœurs virils de House Of Worship, très typés, mais transcendés par les qualités intrinsèques de ce mid-tempo nerveux.

Grâce à une production organique et à un mixage puissant mais aéré (chaque détail se trouve correctement exposé), les compositions ramassées et ultra-efficaces, possédant chacune une identité propre et forte, forment toutefois un continuum cohérent, caractérisé par la volonté d’impacter – tant rythmiquement que mélodiquement – et par le souci d’injecter de la nuance dans l’énergie électrique, épaisse et tranchante. Quel savoir-faire, quelle maestria dans l’inspiration et dans l’exécution !

Vidéos de Heksedans cliquez ici, de House Of Worship cliquez ici et de Fall Into The Fire cliquez ici
Alain
Date de publication : dimanche 30 octobre 2022