Rock metal puissant et varié
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Longtemps, trop longtemps, le Hard et le Metal ont fort complaisamment usé et abusé d’une imagerie sexiste ; en somme, pour vendre du disque auprès d’un public majoritairement masculin, il suffisait de se servir de la plastique féminine, de multiplier les postures et les tics fétichistes, d’associer jouissance musicale et jouissance fantasmée de la femme. Lentement, trop lentement mais indéniablement, les femmes reprennent leur image en main et les Lyonnaises de THE FOXY LADIES le font flingue en pogne. D’abord en s’appropriant comme nom de groupe le titre d’un morceau parmi les plus célèbres de Jimi HENDRIX, icône masculine du Rock. Ensuite, en imposant un visuel de pochette puissant. Tu veux du corps féminin svelte, tu veux de la robe courte, tu veux une vue privilégiée sur l’entrecuisse ? OK bonhomme, tu as tout ça… à ceci près que tu es en contre plongée, donc en position d’infériorité. Et puis un poing enserre fermement un flingue qui, de fait, t’offre le seul regard disponible, sombre et hostile, celui de l’âme du canon, parce que la dame qui te domine et te pointe ne daigne pas te faire l’offrande de son regard. Voilà le programme imposé par trois femmes (Gabi SAM au chant, Lucianne WALLACE à la guitare, Emilie MATHEY à la batterie, Alexis PARISON ayant assuré les parties de basse)…
Et sinon, côté musical, cela donne quoi ? Un deuxième album frais, varié, dynamique. Excellemment mis en son, les onze titres de Not Sorry ont en commun une cohésion et une conviction palpables dans l’interprétation, un sens affirmé de la rythmique qui accroche et une inspiration multiples. Ainsi, en ouverture d’album, Blossom With The Moon ne fait pas dans le détail, dégageant puissamment le passage à grands coups de riffs épais et tranchants, boostés par une section rythmique carrée et groovy. Bref, ça sent le Metal moderne, avec les vibrations en plus, et une touche Grunge sur les plages les plus rampantes et mélodiques. Quant au chant, dans un registre médium, il opte pour une approche teigneuse, oscillant à l’occasion dans le rageux ou le plaintif sournois.
Fuyant tout monolithisme, la suite de l’album va proposer des titres plus fonceurs, suintant tour à tour de Punk mélodique (irrésistible et simplissime City Hunt), le Rock carré à la Joan JETT et le Hard Rock cinglant à la GIRLSCHOOL. Avec une capacité à proposer des variations surprenantes et totalement maîtrisées. Ainsi, après une introduction Rock Pop, Vulture Dance t’accueille avec des riffs de brutes et une rythmique qui groove lourdement, en plein trip Hardcore mid-tempo ; sauf que tu te fais cueillir par des séquences ultra sautillantes et mélodiquement irrésistibles, entre scansion Ska et Pop ultime. Génial ! Le mid-tempo, My Fault, tendu au possible, représente un grand moment de cet album, avec ses variations de tension qui confinent à la claustrophobie et à la paranoïa.
Sur d’autres titres, le groupe va se montrer ostensiblement plus tempéré et délicat, comme en témoigne l’introduction frissonnante de Conquest Of The Sun, qui s’intensifie par la suite. La ballade Lonely Bones touche par sa simplicité et par sa fragilité, à peine perturbée par un chant habité qui passe de la confession flûtée à la colère, avec bien entendu de bonnes grosse éruptions rythmiques épaisses. Weird Loves débute également doucement, avec un excellent arrangement de claviers brumeux, puis évolue en ballade Heavy Pop du meilleur effet. En clôture d’album, Anthroposin s’annonce de manière certes inquiète, mais feutrée et progressive ; à chaque instant, on craint l’embuscade sauvage, mais non, on semble flotter vers un final apaisé : magnifique !
Soyons bien clair : Not Sorry n’est pas un bon album de Metal Rock féminin, mais bien un bon album de Metal Rock, fort en gueule, solide et attractif, qui recèle en son sein des possibilités de développements futurs particulièrement attrayants.
Vidéo de Oh My God : cliquez ici
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