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Stoner metal solide
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Sauf mauvaise fois colossale, il est impossible de nier que tout a déjà été exploré, produit et interprété en matière de Stoner (Rock ou Metal, on n’est pas là pour effiler les fanes de carottes dans la longueur de la tige !) au cours de la décennie 1990, les compléments étant largement apportées au début du siècle suivant. Nous en voulons pour preuve la trop brève discographie de KYUSS, soit deux albums initiaux consacrés à un son épais, bitumineux, asphyxiant (Wretch en 1991, Blues For The Red Sun en 1992), avant de pleinement se réinventer via des compositions fortement marquées par le Space Rock et par le Rock psychédélique (le chef d’œuvre ultime Welcome To The Sky Valley, paru en 1995), pour finalement revenir à des formats restreints, aux rythmiques obsédantes (…And The Circus Leaves Town, 1995). Certes, depuis, ce sous si particulier a fait florès, ainsi que les exemples tirées des chroniques issues de notre site le prouvent (je ne mets pas les liens vers chaque chronique, merci d’utiliser l’outil de recherche !). On a fait plus Rock (NEBULA, THE HEADS, FU MANCHU, SUPASONIC FUZZ, VOLCANOVA, STONE VALLEY, HUANASTONE, BELZEDUH, GRASS), plus Metal (HOLYROLLER, KING HISS), plus Space (qui d’autre que les pionniers magnifiques de MONSTER MAGNET, mais aussi SOLAR MANTRA, KAYLETH, SWAN VALLEY HEIGHTS), plus psychédélique (ARRAKIS, TAXI CAVEMAN, AAWKS, STONED JESUS, VOLUME, VOID CRUISER), plus Sludge (OLD MAN LIZARD, THERMATE, OLE ENGLISH, INDUS VALLEY KINGS, DOMKRAFT, MERLOCK), plus progressif, plus extrême (UFOMAMMUT), plus Doom (RIFFLORD, WITCHFINDER, COLD BLACK RIVER, STRAMONIUM, WITCHSKULL, DI’AUL), j’en oublie sûrement.
La mise en perspective historique et l’effet volontaire de citations accumulées visent, non pas à disqualifier par avance ce premier album du trio norvégien WHITE TUNDRA, mais au contraire à le resituer dans un contexte objectif, afin de lui donner ses chances. Fin 2023, disqualifier par avance tout album étiqueté Stoner semble tout à fait malhonnête. Car il s’agit avant tout de l’évaluer en fonction de sa valeur intrinsèque, laquelle se trouve de facto dominée – voire écrasée – par des modèles fondateurs écrasants.
Premier constat, guère surprenant, les trois comparses de WHITE TUNDRA reprennent pleinement à leur compte – en vrac – le goût pour les urgences Rock, pour les riffs granuleux et épais, mais également pour les prestations lourdes et aplatissantes, couplées avec des inserts de guitare solo saturés et porteurs d’un psychédélisme lourd et paranoïaque. Après une introduction pseudo-majestueuse, le trio embraye efficacement sur un mid-tempo rampant, mais fort judicieusement animé par une basse rebondie et par une batterie, certes stricte, mais dynamique. Surtout, WHITE TUNDRA tente un pari multiple fort ardu. C’est ainsi que les vocaux de Steven KRESIN (par ailleurs guitariste), rauques, âpres, demeurant dans un registre médium, se veulent dûment modulés et arrangés, afin de proposer un horizon vocal cohérent, certes rugueux, mais expressif a minima. Il en va de même avec le versant instrumental. Le trio affiche une propension sans faille pour les plans rythmiques épais, mais s’assure toujours qu’ils demeurent relativement élastiques, afin de ne pas verser dans un monolithisme, dont certains estiment – à tort- qu’il incarne l’alpha et l’oméga du Stoner (mais aussi du Doom, du Sludge…).
Au total, le trio norvégien affiche ostensiblement sa double volonté de s’ancrer dans une tradition lourde et de diversifier son propos. Dont acte. Reste à imposer une écriture personnelle, une interprétation moins sage, sans pour autant paraître la cohorte des gros bourrins. Tous nos encouragements, au vu de ce début solide.
Vidéo de Third Floor : cliquez ici
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