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Renaissance de la cold wave
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Suivant les sources, différents styles musicaux ont pu être évoqués pour décrire MUNDTOT. Il a par exemple été question d’Électro Industriel, ou, suite à la parution d’un premier EP Endzeit (2010), de Gothic Rock. En 2012, le groupe revient avec un LP, Spätsommer, qui ne comprend pas que des inédits. Endzeit et Virus Mensch apparaissent ainsi sur les deux productions, après que ce dernier a déjà figuré sur la démo à laquelle il donnait son nom (2009). A l'occasion de ce nouvel effort, je vous propose une définition personnelle de l’univers des Bavarois.
Avec Spätsommer, MUNDTOT parvient admirablement à ressusciter le courant Cold Wave. Les synthétiseurs de Francesco MACRI y contribuent en grande partie, même s’il convient de relever un paradoxe. L’incarnation majeure de la mouvance, JOY DIVISION, a rarement eu recours à ces instruments ; en outre, quand ce fut le cas, notamment sur le hit posthume Love Will Tear Us Apart, le résultat s’apparenta davantage à un hymne New Wave. Si les claviers génèrent un vif sentiment d’oppression (Felsenfest), les titres ne s’en montrent pas moins efficaces, à l’image d’un envoûtant Zweites Gesicht. Par ailleurs, les aspects Électro s’accompagnent d’une optique Heavy. Ainsi, Virus Mensch, dont Spätsommer inclut également le clip, voit coexister les nappes menaçantes de Francesco et les guitares massives de David VALKUCAK.
Au-delà d’un registre commun, on conviendra aisément des nombreuses similitudes entre le son du groupe allemand et celui de JOY DIVISION. Ce rapprochement semble évident sur Tanz Den Untergang, une merveille qui semble issue de Unknown Pleasures (1979). Le sombre artwork de Spätsommer rappelle d’ailleurs l’esthétique de cet album mythique. De surcroît, certains traits caractéristiques du chant de Ian CURTIS se retrouvent chez Tino WAGNER. Doté d’une voix grave, il livre des performances fréquemment hantées (Endzeit). Son style peut être illustré par Kein Zurück, où se succèdent des couplets à la fois retenus et expressifs, et des refrains puissants. Si, par cette dynamique, il se démarque du défunt frontman, on retient principalement le mal-être auquel il semble en proie.
En outre, le caractère oppressant de l’opus trouve un écho dans ses textes. Ceux-ci exhalent un profond pessimisme, à l’image de Endzeit où Tino proclame : « Das ist die Endzeit / Mach dich für das Ende bereit », ce qu’on peut traduire par « C’est la fin des temps / Prépare-toi pour la fin ». Dans le même ordre d’idées, les refrains de Felsenfest jouent sur des sonorités voisines (« Du fällst, du fällst / Du fällst und fällst / Halt dich felst ») qui accentuent l’aspect lancinant du titre. Le groupe obtient ainsi un climat approprié au thème exploré, celui de la chute (« du fällst » signifie « tu tombes »). Enfin, Virus Mensch se montre sans concession sur la nature humaine. Ses paroles font référence au darwinisme social. Elles reproduisent en effet la formule « survival of the fittest », souvent employée pour dénoncer le libéralisme sauvage. En somme, rien que de très cohérent pour des musiciens évoluant sous le nom de MUNDTOT, c’est-à-dire « réduit au silence ». Dominé à tout point de vue par la noirceur, Spätsommer n’en constitue pas moins un album extraordinaire.
Line-up :
Tino WAGNER : Chant, basse Francesco MACRI : Claviers Florian PRANTL : Batterie David VALKUCAK : Guitare
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