Péché prog 70's réédité, remasterisé et en anglais
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En 2017 paraissait Sydenes Magi, cinquième album d’ARABS IN ASPIC (si on exclut l’EP inaugural, Progeria). Lequel marquait une rupture formelle par rapport à ses deux prédécesseurs, Pictures In A Dream (2013, récemment réédité : cliquez ici) et Victim Of Your Father’s Agony (2015, idem : cliquez ici), qui contenait majoritairement des titres concis, voire brefs. Or, Sydenes Magi comportait trois pistes, aux durées pour le moins conséquentes. Jugez plutôt : Sydenes Magi (12’20), Mörket 2 (9’34) et Mörket 3 (20’20) ! Inévitablement, des formats aussi conséquents renvoyaient aux grandes heures du Rock progressif des années 70 qui virent les précurseurs s’ébattre avec constance dans des circonvolutions labyrinthiques, tous les pionniers étant concernés par cette ambitieuse manie (ELP, PINK FLOYD, YES, JETHRO TULL, KING CRIMSON, VAN DER GRAAF GENERATOR, GENESIS, CAMEL…).
Comme il fallait s’y attendre, les trois compositions de cet album présentent des structures complexes, basées sur une succession de séquences, parfois contrastées, le plus souvent complémentaires. Ne cédant aucunement à la démonstration technique, les compositions demeurent abordables, pour quiconque accepte la déambulation. A cette condition, on croise des parties puissantes et lourdes, grâce à des riffs massifs et à des sonorités d’orgue Hammond, évoquant tout autant BLACK SABBATH, ATOMIC ROOSTER que DEEP PURPLE. On profite de havres paisibles, portés par des guitares acoustiques et des claviers doux. Outre un chant médium, peu ample et médiocrement puissant, mais dûment expressif et modulé, on savoure les nombreuses harmonies vocales et autres chœurs délicats. Même si à chaque instant, on se surprend à identifier une référence aux Grands Anciens du Prog, même si on a parfois l’impression d’entendre une tentative ultime de synthèse de toutes les facettes du Prog des années 70, on ressort charmé, voire captivé, de ces trois longs tunnels, comme étourdi par ces variations subtiles et incessantes. Tout au plus pouvait-on déplorer quelques passages superflus
Ce qui nous amène à Magic Of Sin, publié pour la première fois fin 2023 par Karisma records. Il s’agit de la version chantée en anglais, l’album ayant de surcroît bénéficié d’un remixage et d’un remastering, le tout respectant l’œuvre initiale. Evidemment, les sonorités du chant en norvégien et en anglais diffèrent assez nettement, mais, ainsi qu’on a pu le consacrer sur la version bilingue suédois-anglais du dernier album d’OPETH, In Cauda Venenum, les deux albums se répondent et se complètent parfaitement. Quiconque posséderait déjà la version originelle pourrait s’amuser au jeu des différences ; pour les néophytes, il s’agit d’une porte d’entrée touffue dans le versant le plus ostensiblement Prog 70’s du groupe.
Vidéo de l’album : cliquez ici
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