WHITE WILLOW - Sacrament
Style : Prog Heavy / Prog Metal / Prog Rock
Support :
MP3
- Année : 2024
Provenance du disque : Reçu du label
6titre(s) - 48minute(s)
Site(s) Internet :
WHITE WILLOW FACEBOOK WHITE WILLOW BANDCAMP
Label(s) :
Karisma Records
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(15/20)
Date de publication : 09/08/2024
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Réédition remasterisée
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Tout le monde peut s’accorder sur la naissance de ce qui allait être reconnu comme le Rock progressif à l’orée des années 70. Le genre s’inscrivit à la fois dans la continuité des repères trop attendus du Blues, de la Soul, du Rock, ce dernier fût-il psychédélique. Après une décennie 1965-1975 dédiée à l’exploration tous azimut, les chocs Pub Rock, mais surtout Punk Rock. Même le Hard Rock (LED ZEPPELIN, URIAH HEEP, DEEP PURPLE..) et le Heavy Metal (BLACK SABBATH, BUDGIE…) naissant adoptèrent les principes fondamentaux des contrastes en termes de tempos, de rythmes et d’ambiances, sans pour autant verser dans l’outrance technique qui finit par marginaliser le Prog à la fin des années 70 (cela dit, EMERSON, LAKE AND PALMER avait très tôt atteint les limites en la matière !).
Aussi, flagellé par une concurrence vivace, discrédité par ses propres excès (trop de démonstration technique, trop de complexité), le Rock progressif dans son versant originel atteignit les années 80 en lambeaux. Avant de se réinventer assez rapidement. Outre l’apparition d’une nouvelle, quoiqu’éphémère, génération anglo-saxonne et talentueuse (MARILLION, IQ, PALLAS…), les pères fondateurs comme YES, GENESIS et Peter GABRIEL accédèrent à des popularités inédites en modernisant leurs sonorités (plus électroniques) et leurs compositions (plus compactes, voire franchement accessibles au grand public). Suivant logiquement la fragmentation des marchés, la charnière des années 80-90 ouvrit largement la possibilité d’installer des niches spécialisées dans le Rock progressif, quelque soit son orientation, la multiplication des maisons de disques spécialisées aidant amplement le phénomène de fragmentation et de spécialisation.
En 1995, un groupe norvégien baptisé WHITE WILLOW publie son premier album, Ignis Fatuus, sur le label américain The Laser’s Edge. Lequel fut suivi en 1998 par Ex Tenebris, sur le même label. Enfin, le groupe installe son identité avec son troisième opus, Sacrament, lequel inaugure parfaitement un nouveau siècle. Presqu’un quart de siècle plus tard, le label Karisma offre une ressortie remasterisée (mais non augmentée) de cet opus, qui doit être appréhendé véritablement comme une œuvre de son temps, avec tout le contexte musical d’époque, si l’on veut la (re)découvrir pleinement. En 2000, le Prog originel des années 70 fait désormais partie du patrimoine du Rock. Preuve en est qu’il à suscité des adeptes dans les années 80 et des développements dans les années 90 (notamment le Hard progressif, avant que cette tendance ne connote franchement des branches plus extrêmes du Metal).
Cela dit, les Norvégiens de WHITE WILLOW se tiennent à l’époque à l’écart de toute tentation facile et offre avec Sacrament une œuvre avant tout sensible et délicate, plutôt que puissante et démonstrative. Afin de guider les jeunes impétrants au Prog, signalons les durées conséquentes, mais pas extravagantes : certes pas moins de trois compositions s’étagent ente neuf et onze minutes (The Reach, Gnostalgia et l’introductif Anamnesis). Pour autant, le groupe s’illustre dans des formats intermédiaires, entre six et sept minutes, laissant un seul espace (3’20) à une relative brièveté, via cette pièce délicate, tant sur le plan vocal (féminin et masculin) qu’acoustique.
Pour le reste, les compositions conséquentes de WHITE WILLOW ne laissent aucun libre cours à des démonstrations techniques ; elles permettent plutôt de développer lentement et longuement des atmosphères délicates, voire intimistes. Entre guitare limpide et chant féminin cristallin – mais ferme -, on se surprend à se relaxer pleinement, comme à l’écoute d’un excellent disque de New Age.
A ce stade de sa carrière, tout l’art de WHITE WILLOW consistait à intensifier à bon escient et au bon moment son propos instrumental, notamment grâce à une basse nerveuse (typique du son de Chris SQUIRE de YES). Ainsi, le morceau introductif, Anamnesis, long de plus de neuf minutes, ne s’anime qu’aux environs de la cinquième minute, avec cette basse claquante, un orgue et une guitare passant d’un accompagnement gentillet à des inserts plus tranchants, quoique jamais impérieux ni démonstratifs. Au cours de ces développements instrumentaux, l’auditeur a droit à des additifs « exotiques », du type klezmer sur The Crucible.
Autre caractéristique essentielle de cet album, on trouve le chant clair, dans un registre médium, de Sylvia ERICHSEN, déjà présente sur le second album, Ex Tenebris (1998) et sur le suivant Storm Season (2004). Selon les goûts, il peut sembler limpide ou transparent. Il accompagne en douceur les longues plages paisibles, tout autant qu’il accompagne, sans effets inutiles, les modulations plus puissantes, son timbre et son coffre lui permettant d’impulser les nuances nécessaires dans un répertoire majoritairement paisible.
Pas forcément essentiel pour un fan de prog généraliste, cet album n’en dégage pas moins un parfum mélancolique et nostalgique qui convient fort bien aux ambiances automnales.
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