Métal Intégral - Chronique / HEATHEN'S EYE

Et une pépite suédoise de plus !

Voici le premier album de HEATHEN'S EYE, un nouveau groupe...suédois ! Encore, me direz-vous et je vous vois déjà marmonner que la musique scandinave, c'est toujours un peu la même chose ! Je vous arrête tout de suite et je m'inscris en faux, car il y a énormément de nuances dans cette musique. Peut-on vraiment comparer le Hard pratiquement Heavy de groupes comme JD MILLER ou GINEVRA, avec l'AOR plutôt délicat par exemple de BOYS FROM HEAVEN. La variété est en fait bien plus présente que ce qu l'on veut bien en penser, vu de l'extérieur. Le
groupe est composé de 5 musiciens, dont on me dit qu'ils ont une grande expérience musicale dans diverses genres. Ils sont annoncés comme jouant du métal mélodique, mais je trouve que cette appellation est un peu trop restrictive. Je parlerai plutôt d'un melting- pot faisant appel à de multiples références, ce qui peut être assez déroutant, j'en conviens. Mais vous devez commencer à savoir que c'est justement cette fusion des styles qui m' a attiré. Tout au long de l'album, vous trouverez donc, du rock progressif, du Hard mélodique, du Hard'n Blues, de l'AOR, du Heavy, du métal et…je m'arrête là ! Alors, devant tant de diversité, la seule question qu'il y a à se poser c'est : Est-ce que cela ne nuit pas à l'unité musicale du groupe ? Et bien, je dirais que c'est ce qui fait tout le sel de cet album.

Pour une fois, je ne vais pas analyser les titres par ordre chronologique, car j'ai eu très envie de mettre en lumière un morceau que j'ai vraiment apprécié, qui n'ouvre pas l'album. Il s'agit de Is It Over Now. Ce titre comporte tellement de belles choses que je n'en reviens toujours pas d'une telle richesse ! C'est mon morceau préféré de l'album, sans aucune hésitation ! Pourquoi me direz-vous ? D'abord parce que le chanteur, Robb LINDH, fait une démonstration de toute première classe et de très haut niveau. Il me rappelle le grand Steve WALSH, le chanteur de KANSAS, surtout sur les refrains. Les couplets sont pour leur part, du pur AOR à déguster sans modération. Oui, c'est cela, je navigue entre l'AOR le plus suédois et le prog rock américain, façon STYX, pour ce qui concerne la mélodie, une pure merveille pour moi. Quel morceau, les ami(e)s ! Continuons sur la lancée avec le titre suivant, Endless Lines. C'est du Hard mélodique comme j'aime, avec un refrain imparable, marqué du sceau suédois. Les musiciens assurent vraiment avec une rythmique bien plantée dans le sol, et puis il y a toujours ce chant, qui survole le tout avec tellement d'aisance et de maîtrise. Je pense également à l'immense Jeff Scott SOTO, chanteur, entre autres, de W.E.T. Il y a un solo débridé joué en "twin" à la WISHBONE ASH, alors je suis au paradis ! C'est totalement mélodique et j'approuve à 100 %. Quand Robb LINDH part dans les aigus, je n'en reviens pas, tellement le chant est parfaitement contrôlé ! Je note que les claviers se font un peu plus présents sur la fin du morceau.

Arpèges de guitare pour débuter Lost In The Wind, accompagnés par une basse enveloppante et cette sublime voix, une voix qui est juste faite pour ce genre de musique. Vous avez la crème du chant AOR, soyez en assurés ! Le refrain est accompagné de choeurs angéliques qui me feraient presque dresser les poils. La structure du morceau est classique, avec un petit goût de Dust In The Wind de qui vous savez, mais quand c'est bon, c'est bon ! Et puis la ressemblance entre les deux titres ne serait-elle pas un clin d’œil aux américains ? Quel joli slow, quand même. Après ce moment de détente, nous repartons sur du plus musclé avec Shine, du Hard mélodique bien charpenté. Nous nous trouvons là en plein milieu de l'école suédoise, à la H.E.A.T mais qui s'en plaindra, sûrement pas moi ! Je signale que ce morceau voit l'intervention à la guitare de Sven LARSSON, connu pour son travail avec LIONVILLE, MECCA et STREET TALK. Monsters fait dans le Métal Progressif à la QUEENSRŸCHE, avec tout ce que cela implique de complexité et de mélodicité. Les claviers sont à la fête et accomplissent un fort joli travail. Je n'oublie pas la section rythmique qui répond plus que présent. Voici un morceau qui mérite vraiment plusieurs écoutes pour bien appréhender tous les changements de rythme, car oui, il se passe beaucoup de choses dans ce titre ! Synthés et rythmique pesante pour débuter Blind, un morceau qui demande également plusieurs écoutes, tant la mélodie est recherchée. À ce propos, j'ai oublié de mentionner que c'est Göran HAMRIN, l'excellent guitariste, qui a composé cet album. Qu'il en soit remercié, tant le travail abattu est colossal.

Un petit retour vers le début de l'album avec One Black Lie, qui est le premier single extrait. Il met tout de suite dans l'ambiance avec une intro grandiose et du Hard'n Blues de toute première qualité. À ce propos, je rejoins totalement l'avis d'un de nos abonnés, qui compare avec beaucoup de justesse ce morceau au Old Rose Motel de GREAT WHITE. Oui, c'est le même tempo et oui, la voix de Robb LINDH se rapproche de celle de Jack RUSSEL, tout en étant moins rock, mais avec encore plus de dispositions vocales. J'adore ce type de voix, puissante sans être monolithique. Je relève un solo de basse avec un son complètement blindé d'effets qui me plaît bien. Mirrorman, le morceau qui suit, dispose d'une intro en mode Hard Rock mélodique. C'est du costaud avec toujours une ligne de chant très soignée. Avec Ghost's Of Yesterday, le niveau monte encore d'un ton, comme si c'était possible ! Les claviers sont bien présents et installent une magnifique atmosphère. C'est très prog rock, très théâtral, du grand spectacle ! Le refrain, irrésistible, est souligné par de beaux choeurs, et je suis vite emporté. Le solo est parfait. Je pense qu'il n'est pas nécessaire d'en rajouter sur la qualité du chant. Quelle claque, encore une fois !

Changement total d'atmosphère avec Still Waters Run Deep, qui sent bon le Hard'n Blues, un peu à la manière de BLACK PAISLEY, leurs compatriotes. Les guitares sont omniprésentes et font un travail phénoménal, que ce soit devant, derrière, partout en fait ! Un morceau qui décoiffe, assurément, et me fait penser aux danois de VOLBEAT, très à l'aise avec des morceaux dans ce style. Un peu de calme avec le morceau suivant, Firepriest, c'est du moins ce que laisse entendre une intro toute en délicatesse, avec un piano d'une grande légèreté. C'est un leurre, bien sûr car une énorme basse métallique vient lancer un tempo de feu, avec une rythmique bien drue et une guitare qui ne lâche pas un centimètre. C'est du Heavy mélodique tendu comme un arc, qui lorgne vers ECLIPSE. Les soli de claviers et de guitares s'enchaînent pour mon plus grand plaisir, et la batterie est au taquet ! Au milieu de ce déluge, le morceau se finit sur une petite mélodie sortie tout droit d'une boîte à musique. L'album se termine avec Time To Deliver, un morceau qui prend des contours Heavy, avec une rythmique bien lourde et une voix dans le bas du registre qui fait son effet. Ce morceau est la preuve, s'il en était besoin, que l'on peut faire une musique pesante tout en étant pourvue de belles lignes mélodiques Écoutez-moi ce refrain, qui respire la grande classe ! Il y a un passage en voix parlée qui ajoute à l'atmosphère pesante et le solo "Gilmourien" est juste parfait. Voici un morceau majestueux, qui me fait penser au dernier album de THE FERRYMEN, le groupe de Ronnie ROMERO, un autre excellent chanteur. Si vous voulez mon avis, rien que la voix exceptionnelle de Robb LINDH justifierait, à elle seule, l'acquisition de cet album !

Je ne vous cache pas que ce premier album de HEATHEN'S EYE m'a vraiment enthousiasmé, car il fait preuve d'une grande maturité dans l'écriture. Il y a une heure de musique de qualité, ce qui est un beau cadeau ! Différentes influences sont présentes, mais elles sont impeccablement digérées. Pour conclure, j'affirme haut et fort que ce groupe dispose d'un potentiel énorme et quelque chose me dit que l'on va entendre parler d'eux pendant encore longtemps !

L'album sort le 27 juin.

HEATHEN'S EYE est :

Göran HAMRIN - Guitare et composition
Jonas JÖNSSON - Batterie
Mikael ANDERSSON - Claviers
Ola HELLSTRÖM - Basse
Robb LINDH – Chant

One Black Lie : cliquez ici

Shine : cliquez ici

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