Métal Intégral - Chronique / BUTTERED BACON BISCUITS

Les 3 petits b dans les bois

From The Solitary Woods n'est pas un nouvel album puisqu'il a vu le jour en 2009. A l'époque, ce groupe italien avait auto-produit son premier album, lequel ne connut pas de successeur, le groupe se séparant l'année suivante. Là où l'affaire devient intéressante, c'est que le chanteur de BUTTERED BACON BISCUITS, Ricky DEL PANE, ainsi que le claviériste Stefano OLIVI et le batteur Andrea PALLI s'en furent former WITCHWOOD dont nous avons loué le premier opus, Litanies From The Wood (cliquez ici) et le mini-album Handful Of Stars (cliquez ici). On peut donc légitimement considérer From The Solitary Woods comme les prolégomènes à WITCHWOOD. Au vu de l'accueil trop discret mais très chaleureux réservé à WITCHWOOD, pas étonnant que la maison de disques Jolly Roger assure une réédition de From The Solitary Woods (en CD, mais également pour la première fois en vinyle).

Autant le dire d'entrée de jeu, ce groupe et cet album n'atteignaient pas les sommets de WITCHWOOD mais posaient les bases d'un épanouissement encore à venir. On trouvait déjà comme source d'inspiration le Hard Rock originel des années 70, voire d'autres genres florissants dès la fin des années 60.
En ouverture, le mid-tempo lourd Losin' My Pride emprunte à FREE et à MOUNTAIN, le chant chaud de Ricky DEL PANE évoquant Paul RODGERS et David COVERDALE. Un break au groove félin au milieu du titre met en exergue des percussions et un orgue à la SANTANA, la guitare livrant des interventions incisives pleines de Blues Rock. Puissant mais assez classique.
Plus nerveux, I Hope You're Feeling Bad propose un Hard Rock tranchant, transcendé par un groove comme savait en produire AEROSMITH dans les années 70. Plus pondéré, Cross-Eyed Jesus (titre clin d’œil au Cross-Eyed Mary de JETHRO TULL) conclut avec bonhomie l'album.

Si ces trois titres incarnent l'option Hard Rock juteux mais subtil du groupe, les autres titres proposent des dimensions autrement plus diversifiées où Folk, Prog et Rock psychédélique rehaussent les bases électriques. Ainsi, la tendre ballade acoustique Another Secret In The Sun regarde du côté du Folk californien à la CROSBY, STILLS, NASH & YOUNG. Tout aussi acoustique, No Man's Land emprunte des chemins analogues, avec toutefois une gravité qui, de nos jours, collerait parfaitement avec l'Americana.
L'instrumental Essaouira début paisiblement en mode acoustique mais des sonorités troubles insinuent une dimension psychédélique, avec des riffs lourds qui ponctuent la seconde moitié du titre.
Introduit par des chants amérindiens, Into The Wild oscille sur un tempo lent entre tension électrique sous-jacente et des mélodies flottantes, le chant se faisant particulièrement passionné.
Avec son orgue bien présent, sa belle tension dramatique et ses rythmiques lourdes, le long State Of Mind (presque huit minutes) évoque inévitablement URIAH HEEP, MOUNTAIN (songez aux compositions de Felix PAPPALARDI) et ATOMIC ROOSTER.

Au final, From The Solitary Woods constituait dès 2009 une œuvre solide, par moments brillante, échappant aux clichés de la vague rétro qui nous submerge aujourd'hui. La qualité de l'interprétation et la maîtrise des arrangements demeurent en 2017 d'une pertinence totale. Les compositions du guitariste Alessandro CELLI faisaient preuve d'une solidité et d'une efficacité qui transcendaient leur classicisme.

Vidéo de Into The Wild : cliquez ici

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